top of page

"Vous êtes entrez par la porte, vous sortirez par la cheminée"

Dernière mise à jour : 2 mars 2023

Léon Lewkowicz, ancien déporté juif polonais, a clairement vécut l'enfer. Du camp de concentration à la chambre à gaz, en passant par la marche de la mort et enfin à sa libération miracle, il nous raconte son périple concentrationnaire très lourd en rebondissements et en émotions.


Le 1er septembre 1939, la seconde guerre mondiale éclate.
L'armée allemande envahit la Pologne.
Ce n'est pas aujourd'hui que vous l'apprenez mais, cet épisode de Shoah en Pologne était un vrai carnage pour ne pas dire lynchage.

À seulement 9 ans, Léon Lewkowicz, vit au cœur de ce désastre. Un jour, son père, rédacteur en chef dans un grand journal politique, accoure à la maison et informe Léon ainsi que sa mère qu'il faut à tout prix quitter Lodz, leur ville.

Ils prennent donc le train pour partir à Varsovie chez les grands parents paternels du jeune Léon. À leur arrivée ils virent que Varsovie était bombardée et complètement rasée.

La petite famille est contrainte de retourner à Lodz.
Les trains ne circulaient pas normalement en raison des bombardements.
Ce fut donc un parcours extrêmement fatiguant et tumultueux.
Le pays se retrouve complètement bouleversé dès l'occupation de la Pologne par l'Allemagne.
Étant donné qu'ils étaient de religion juive, ils étaient obligés de porter une étoile sur la poitrine, côté gauche, mais aussi dans le dos.
Léon Lewkowicz nous dit que : "D'ailleurs, j'ai même appris il n'y a pas longtemps qu'il y avait une ordonnance donnée ici en France par Pétain pour aussi porter l'étoile".
Donc, ils rentrèrent à Lodz, la petite famille avait encore son appartement. Néanmoins, peu de temps après il a été réquisitionné.
Ils durent alors repartirent à nouveau et trouver un nouveau toit.

Les Allemands les emmenèrent dans un ghetto. Ils avaient une pièce dans une maison en bois avec une chambre de 15 m².
Ils vivaient dans ce ghetto "où il manquait de tout" nous dit Léon.
Il fallait donc travailler pour se procurer de la nourriture.
Pour ce faire, ils durent travailler dans des ateliers de confection de vêtements et de chaussures mis en place, en direction de l’Allemagne.

De semaines en semaines, les visages changèrent d’apparence en raison du manque de nourriture, au point où l'on ne reconnut plus certaines personnes !

Le chef de ce ghetto a ensuite reçu l'ordre de présenter tous les petits enfants de 12 ans, sous prétexte que ces derniers seraient bien nourris, bien logés, bien habillés.
Sachant cela, la mère de Léon a enfermé ce dernier dans une grande valise et Léon a dormi dans cette valise pendant au moins trois semaine !

"Finalement, les enfants réquisitionnés par le chef du ghetto ne sont jamais revenus à leurs parents. Ils étaient gazés à peu près à 200 km de Lodz. A ce moment-là, le gazage n'était pas aussi perfectionné et on gazait ces enfants par les moyens de voitures avec des tuyaux d'échappement qui étaient reliés à l'intérieur des grands camions et les gens étaient asphyxiés comme ça". C'est ainsi que Léon nous expliqua la méthode par laquelle ces enfants furent gazés.

Plus tard, ils apprirent qu'ils allaient être expédiés sans savoir où exactement.
Ils attendaient un train à la gare jusqu'au moment où vint un train à bestiaux. Malheureusement c'était le train qui leur était destinés.

Ils étaient ainsi embarqués dans ces trains à bestiaux avec un effectif d'environ 120 à 150 personnes. Ils avaient peu d'eau et un pot pour faire leur besoin.
Lorsque le train a démarré, avec l'anxiété que les gens éprouvaient et le fait que certains étaient malades, le pot s'est vite vu remplir.

Les voilà donc partis pour quelques jours avant d'arriver à Birkenau Auschwitz.
Arrivés à Auschwitz, ils furent alignés sur une rampe où se déroulait une sélection, laquelle fut réalisée par le médecin Mengele, alias l'Ange de la mort.

À ce moment-là, les personnes qui ne pouvaient pas marcher, y compris donc les personnes âgées, étaient poussées comme du bétail. On les mettaient dans des camions pour ensuite les décharger "comme un tas de sable".

La mère de Léon est séparée de la famille. Elle sera extraite de force. Léon ne le savait pas mais, c'était la dernière fois qu'il voyait sa mère qui allait être exterminée.
Par un pur miracle, Léon parvient à rester avec son père malgré les sélections qui se déroulaient chaque semaine.
Lors d'une sélection, on leur dit cette réplique affreuse et terrifiante : "vous êtes entrés par la porte, vous sortirez par la cheminée".

Ensuite, lors d'une autre sélection, que Léon appelle "sélection sportive", car cela servait à divertir les Allemands. Pour cette sélection, il y avait une barre qui était postée de sorte à connaître la taille des gens, et il fallait passer en dessous. Ceux qui ne touchaient pas la barre, et c'était le cas de Léon, étaient destinés à la chambre à gaz. Cet épisode s'est déroulé au mois d'octobre 1944.
Une fois la sélection terminée, Mengele passe et s'arrête devant Léon, et il dit à Léon sous un air maléfique : "tu es petit et tu resteras petit".
Ils sont donc emmenés pour prendre une douche, ensuite on leur procurait certains habits et puis, direction la chambre à gaz.

C'est indéniable, cet événement marquera à jamais Léon Lewkowicz. Il nous dit lui-même de façon bouleversante, lors du témoignage qu'il a tenu à l'Université d'Évry le 26 janvier : "Excusez-moi mais, je vais vous le dire très franchement, je vous parle de tout ça mais, mais j'ai des choses qui défilent devant mes yeux, des souvenirs épouvantables".

Dans les chambres à gaz, il y avait au maximum au-delà de 1000 personnes !
Lorsque les portes se fermaient et que les lumières s'éteignaient, l'asphyxie commençait.

Nous sommes le 7 octobre 1944. Lorsque Léon se retrouve dans la chambre à gaz les lumières restent allumées et la porte était fermée.
Ce jour-là, ils entendirent de l'intérieur de cette chambre des coups de feu et quelques instants plus tard la porte s'ouvrit. Ils furent sortis miraculeusement étant donné la rébellion des commandos.
Ils sortent alors et on leur donne le nécessaire pour survivre et c'est le début d'une longue période de marche : la marche de la mort.
Ceux qui ne pouvaient plus supporter la marche étaient abattus d'une balle dans la tête.

Par moments, on les faisait monter dans des trains afin que la population allemande ne puisse apercevoir le passage de ces captifs.

"On marchait jour et nuit, sans nourriture, sans boire".

Arrivés à Buchenwald, ils sont à nouveau dans un camp. Dans ce camp d'autres prisonniers étaient sur place.
La particularité de ce camp réside dans le fait qu'il n'y avait pas de chambres à gaz. Les gens mourraient principalement d'épuisement et de tortures.

Après la libération de Buchenwald par les Américains, les détenus furent sauvés et entretenus.
Et puis on leur a annoncé que la France allait les accueillir.
Ils arrivèrent donc en France et ils furent d'abord en Normandie.
Progressivement, ils "revenaient à la vie" comme nous dit Léon.

Léon songe alors à partir à Paris.
il fait de l'autostop et finit par être transporté en siégeant dans la remorque avec une vache à l'arrière.
Arrivé à Paris, il se dirige à l'Hôtel Lutetia qui était un centre d'accueil de tous les déportés et survivants.
C'est là où les rescapés et leur famille se retrouvaient et là où le cauchemar prenait enfin fin.


Encore un grand merci à Léon Lewkowicz pour son témoignage et
son courage.
Merci aussi à Monsieur Jurovics pour l'organisation de cet
événement dédié à la journée "Mémoire et Racisme".
Enfin, merci à l'Université d'Evry d'avoir accueilli cet invité et d'avoir
permis le bon déroulement de l'événement.
Toute l'équipe du News Etudiants vous souhaite beaucoup de
courage pour la suite.
Restez comme vous êtes Léon !


Témoignage retranscrit par Mouhammad Mbaye


Comments


bottom of page